Je me présente : Audric, étudiant en licence d’histoire. Je viens de passer six semaines sur la Ferme Écologique de Gorce en tant que stagiaire. J’ai réalisé ce stage dans le but de découvrir le milieu agricole. Pierre-Antoine et Sophie m’ont permis de vivre en immersion dans leur élevage. Le site sur lequel la ferme se trouve offre un cadre idéal pour élever des ruminants : avec la présence notamment de nombreuses parcelles où le bocage est toujours présent et en cours de développement. Le projet de Pierre-Antoine et Sophie est de développer les haies et de redécouper encore davantage l’espace. Cela semble être un axe important pour l’équilibre de la ferme.
Les vaches qui composent le troupeau de Gorce sont de deux races : des Limousines et des Hereford. Avec l’expérience de ce stage, je comprends très bien le choix de la race Hereford. Auparavant, je n’avais que très peu approché des bovins. Dès les premiers jours de mon arrivée, nous avons fait de l’éducation avec les jeunes génisses Hereford. Ces animaux sont d’une douceur incroyable. Après quelques jours, je me sentais tout à fait à l’aise. Ce travail d’éducation du troupeau me parait plus qu’essentiel à faire puisque l’on voit clairement la différence avec des vaches Limousines qui n’ont pas bénéficier de cette approche dans la relation homme-animal. Elles restent plus « sauvages », plus méfiantes de l’homme et de ce fait, difficiles à manipuler. Par exemple, pour changer les Hereford de champs, il suffit de les appeler et elles suivent. Cette éducation positive renforce aussi la confiance de l’animal et permet ainsi de donner plus facilement des soins si besoin.
Au delà de cette différence de tempérament entre les deux races, un autre aspect important rentre en jeu : l’alimentation et la rusticité. Le stage a eu lieu en juillet-août, autant dire, durant des périodes de fortes chaleurs et de sécheresse. La différence entre les races est frappante au niveau de la résistance et de l’adaptation face ces conditions climatiques extrêmes. Les Hereford gardent un bien meilleur état corporel et souffre très peu des températures. Elles n’ont pas besoin de beaucoup d’herbe pour rester en état et valorisent beaucoup mieux l’herbe que les Limousines.
Les prairies naturelles de Gorce offrent un cadre privilégié pour le type d’agriculture mise en place par Pierre-Antoine et Sophie, une agriculture qui respecte au maximum la nature environnante. Ils essayent ensemble de créer un système qui soit adapté à la fois pour le travail des hommes, les animaux et l’environnement. Leur ferme est labellisée en bio mais ils vont bien au de là du cahier des charges européen. Cela se voit en particulier avec les soins qu’ils apportent aux animaux puisqu’il privilégie toujours les médecines naturelles (phytothérapie, homéopathie, ostéopathie) et mettetn l’accent sur les plans de prévention. La gestion des prairies avec le pâturage tournant apporte une vraie plus value tant sur la qualité de l’herbe que sur la biodiversité. Totalement à l’inverse de l’agriculture productiviste, ils cherchent à réduire la taille des parcelles pour augmenter les haies et aménager des zones d’ombre et d’humidité propices au développement de la faune et de la flore. Le modèle agricole développé sur la Ferme de Gorce est pour moi une solution à l’agriculture de demain qui devra s’adapter au changement climatique. De plus, Pierre-Antoine et Sophie ont de très beaux projets en tête et cela donne envie de voir à quoi la ferme ressemblera dans quelques années.